Lettre ouverte à notre député

Ce matin, j’ai été projetée dans la vraie réalité.
On vit dans un monde, entouré de gens qu’on aime et qui pense comme nous. Mais ça, c’est pas la vraie réalité. C’est notre réalité, celle qu’on s’est construite.

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La vraie réalité, c’est celle que je vais vous conter.

Je me lève, un peu tôt (c’était l’oral du bac de français de Rose et il ne s’agissait pas d’être en retard!), j’allume mon téléphone et je tombe sur une publication de notre député, Bernard Perrut, qui, en tant que bon élu, a fait une petite virée dans les crûs du beaujolais suite à l’effroyable orage de grêle de vendredi soir.

Oui, on a grêlé vendredi soir… sur la plupart de nos parcelles avec des dégâts estimés de 30 à 70 %.
Certains, du côté de Fleurie, Morgon, Chiroubles, Moulin à Vent ont, eux,  tout perdu…

On a un peu beaucoup le moral dans les chaussettes mais il faut passer par dessus et faut continuer à travailler, sourire, rire même.
Relativiser quoi…
Parce qu ‘il y a plus grave dans la vie même si tu penses à cet instant présent que rien n’est plus grave.
Que ça fait chier. Que t’as pas envie d’écouter le gars qui a eu son jardin et surtout ses tomates complètement ravagées. Que t’as pas envie d’écouter celui qui te parle de la grêle qui est tombée en Arizona du sud ouest.  Que t’as qu’une envie, c’est de partir loin parce que c’est toujours mieux plus loin. Que tu sais que d’autres, pas loin ont vachement plus grêlé que toi. On dirait même que c’est à celui qui a le plus grêlé. Moi je voulais pas jouer à ce jeu. Il est nul. Et puis surtout j’ai l’impression qu’on gagne plus souvent qu’à not’ tour et je ne suis pas joueuse en plus. 

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Pour revenir au post de Monsieur Perrut qui se voulait plutôt consensuel et empathique, il a fallu que certains dérapent dans les commentaires . Et quand ça dérape, on tape sur la figure des bios parce que ça défoule pas mal.
(La devise du vigneron conventionnel: « Quand t’as pas le moral, tu prends un bio, n’importe lequel, et tu tapes dessus, tu verras, c’est déstressant, revitalisant, surtout après la grêle »)
J’en ai même compris que c’était la faute  des bios qui trichent si la grêle avait fait tant de dégâts!
(faut pas exagérer dans la mauvaise foi quand même, si? )
Et vas-y que le vigneron X te démontre que le bio n’existe pas. Non, en fait, il démontre rien, il n’a pas d’argument.
Et la vigneronne Y de surenchérir que les bios sont des tricheurs etc etc…
Mais où était le rapport avec la grêle?
Parce qu’une facebookienne avait eu le malheur de dire que si les vignes n’avaient pas été si désherbées, la terre serait restée dans les dites vignes  (elle n’avait pas tord, mais comme elle n’était pas vigneronne, elle n’y connaissait rien et qu’elle n’avait qu’à se taire… dixit Vigneron X et vigneronne Y)

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Alors, là, Monsieur Perrut, je suis en colère. Pas contre vous parce que je pense bien que vous ne voulez pas vous priver d’un électorat de vignerons conventionnels, même s’ils sont irrespectueux et qu’ils dérapent dans la diffamation. Et que, si vous ne comptez que sur l’électorat bio, va falloir changer de métier, on n’est pas assez nombreux…

Mais j’ai un peu du mal à laisser insulter mes collègues bio et … moi par la même.
On a pris l’habitude, nous les bios, de ne pas répondre à ce genre d’attaque. De nous taire. Parce qu’on dérange, qu’on n’est pas assez nombreux et qu’on préfère bosser, selon nos convictions, en silence.
T’es bio, alors tu te dois d’être zen et tu souffles 3 fois profondément quand on t’attaque verbalement. (inspiration, expiration)

Là, j’avoue, j’ai soufflé 3 fois. J’ai relâché mes épaules qui se tendaient tout à coup. Et rien n’y a fait. Peut être parce que j’étais un peu stressée à cause de la grêle moi aussi (et que  je peux pas appliquer la devise du vigneron conventionnel pour me détendre)

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Je ne supporte plus les attaques gratuites, méchantes et méprisantes.
On ne devrait plus se laisser insulter.
Surtout après le travail que l’on fournit tous. Des heures de labeur, ça se respecte, merde!

Alors voilà Monsieur Perrut, je ne vous demande pas de mettre des fessées à tous ceux qui parlent mal des vignerons bio… quoi que…!
Le beaujolais traverse une période bien difficile et un peu d’empathie* serait la bienvenue entre les professionnels de la profession.
Parce que, quand on a tout perdu, qu’on soit en bio ou non, on a tout perdu.

*L’empathie est une notion désignant la compréhension des sentiments et des émotions d’un autre individu, voire, dans un sens plus général, de ses états non-émotionnels, comme ses croyances. Dans ce dernier cas il est alors plus spécifiquement question d’empathie cognitive.  En langage courant, ce phénomène est souvent rendu par l’expression « se mettre à la place de l’autre » (wikipédia)

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