Mes seins, et alors?

Les étiquettes de vin peuvent être un support médiatique très importants. Un support politique même qui peut servir à délivrer des messages révélateurs de notre société.
Ce sont d’abord des étiquettes à caractère sexiste qui m’ont interpelé.
J’ai hésité, dans un premier temps (assez bref, avouons le!) à les dénoncer de peur de passer pour une rabat-joie qui ne sait plus rigoler de tout.
Et je savais que j’allais me confronter au noyau dur du monde du vin qui, sous prétexte de liberté de faire et de penser, t’empêche toi de faire et de penser !
Je me demandais comment les femmes, souvent invisibilisées dans le monde du vin, pourraient trouver leur place en étant constamment sexualisées et considérées comme des objets sur les étiquettes ou sur divers supports, en particulier sur les réseaux sociaux.
Ces étiquettes à caractère sexiste, voire plus, véhiculent selon moi, des messages dangereux, comme celui de la culture du viol.
Et le sexisme ordinaire s’y trouve bien ancré.

Les corps des femmes, plus particulièrement les seins, sont effectivement très souvent représentés sur les étiquettes de vin, et mis en avant sur des milliers de publications sur les réseaux sociaux.

Grands oubliés de la cause féministe pendant longtemps, les seins font pourtant partis de l’objectivation des corps féminins. A tel point qu’ils ne nous appartiennent plus. Ils sont idéalisés par les normes patriarcales, mettant les femmes dans un position de concurrence généralisée, entre femmes, et dans l’obsession d’un corps qu’il faudrait sans cesse améliorer, jamais assez « bien ».
Nos corps sont mis à disposition en en faisant des objets pour autrui. N’oublions pas ce que cela peut impliquer en terme de discrimination et de violence …
Le plus important c’est que la plupart des femmes ne se sentent pas concernées par les représentations qui en sont faites. Les corps féminins, et plus particulièrement les seins sont singuliers, divers, changeants et même souvent asymétriques! Ce qui n’est absolument pas le cas sur les différents médias qui circulent, où les corps sont formatés.

Comment faire alors pour se réapproprier nos corps?
Dans un monde féministe rêvé, le corps des femmes ne les définirait plus, elles ne seraient plus sexuées, elles ne seraient plus ramenées à leurs seins et à une représentation patriarcale de ceux ci.
La perspective d’une pensée émancipatrice du corps féminin serait-elle possible?
Nos corps pourraient-ils devenir des lieux de résistance, d’engagement et d’émancipation?
Représenter des seins et des corps ? OUI! Mais de toutes les couleurs, de toutes les formes, de toutes les tailles, de tous les âges, avec leurs imperfections, les vergetures, sans formatage.

Ce ne sera pas simple. Il faudra se libérer des injonctions patriarcales, de tout ce qui nous a construit, depuis qu’on est petites, et en prendre conscience.
Déconstruire tout cela nous permettra, j’en suis sure, de travailler dans un monde plus « safe » et plus égalitaire entre femmes, avec les hommes.

Avec cette idée derrière la tête, et en bonne militante féministe, j’ai demandé à Silène, des Fois de Silène, de travailler et réfléchir avec moi sur des étiquettes militantes!

Balance ta Bulle est née. En réaction aux étiquettes sexistes. On a voulu faire référence à l’enlèvement des Sabines (épisode fondateur et mythique de la Rome antique) en retournant la situation en faveur des Femmes!
Le 2020 est épuisé mais le 2021 sortira bientôt!

On a ensuite travaillé sur la cuvée de Brut de Cuve. Inspirées par Nikki de Saint Phalle, artiste magnifique et militante féministe, nous avons crée notre Nana à nous, exubérante et décomplexée, aux formes généreuses et puissantes, majestueuses, prenant le pouvoir!
Il faudra attendre le millésime 2022 pour la retrouver!

Et voici la toute dernière! Sorore, toute nouvelle cuvée de Beaujolais Blanc 2021, qui sera en bouteilles la semaine prochaine! Issue de jeune vigne que nous avons planté il y a 6 ans sur le domaine.
Vous y verrez des femmes libérées des injonctions, des sorcières, qui reprennent le pouvoir sur leurs corps (exercice pas facile dans un monde du vin où le corps des femmes sert avant tout à vendre et à « faire plaisir » aux regards masculins), nues, mais pas sexualisées. Vous y verrez sans doute d’autres choses! Tout est dans l’art de la suggestion!

Nos bouteilles circulent sur des tables du monde entier.
J’ai vraiment à souhait qu’elles diffusent un peu partout des valeurs environnementales et féministes, pour un monde où il ferait bon vivre pour les hommes comme pour les femmes, pendant encore des siècles…

Si mon article vous a intéressé, je vous conseille la lecture de « Seins. En quête d’une libération » de Camille Froidevaux-Metterie






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