Je rentre de la vigne à l'instant et pour la première fois, l'avenir me fait peur. Quand je dis l'avenir, c'est l'AVENIR... Pas demain, ni après demain...mais dans 10 ans...dans 20 ans...
Alors, qu'il y a quelques mois, j'entendais qu'on voulait amener 400 habitants supplémentaires sur notre petite commune, je me demande si la question fondamentale n'est pas aujourd'hui de retenir les derniers Varnaudis dans un village qui part à la dérive...
Les vignes s'arrachent à vue d'oeil...
Les ceps arrachés s'entassent sur des terrains nus, vidés de leur âmes et de leur sens...Car on ne donnera plus de sens à ces terrains là...Ils ne valent plus rien, même s'ils valaient des milliers de francs il y a quelques années encore.
Et cela me rend mélancolique, comme beaucoup de gens...
Je ne blâme pas les gens qui arrachent par dépit trop souvent. Je blâme ces lois, ces primes à l'arrachage
qui au lieu d'aider les gens, les plongent dans une détresse encore plus importante. Si on avait donné tout cet argent pour aider les vignerons à continuer...Car beaucoup aujourd'hui essaient de tenir bon en attendant la fin de la crise. Mais la fin de la crise ne sera jamais. C'est nous qui devons mettre fin à la crise et changer nos façons de voir, de produire et de vendre. Madame la Crise n'y est pour rien... À vouloir toujours chercher des responsables autre que soi, on fini par perdre du temps...
Mais je ne suis pas si maligne...Et je ne vais pas annoncer un plan de sauvegarde du beaujolais...Parce qu'on ne m'écouterai même pas, on me dirait de me taire avant même que je ne parle (si si...)...et parce que moi, comme ceux qui arrachent, je suis devenue très amère...

Alors dans 15 ans, nous serons dans nos vignes au milieu des bois et les gens diront: " Qu'est-ce-qu'ils sont bêtes ces vignerons de planter des vignes au milieu des bois, ça fait pas bon vin là !!!" mais quand on a planté dans les années 90, on était au milieu...des vignes...