Silence

La langue française possède un nombre infini de mot pour notre vie de tous les jours. Pour nos joies, nos peines, nos chagrins d’amour, nos enthousiasmes, nos folies, notre admiration, notre soumission, notre colère, nos incompréhensions, nos compréhensions, nos bonheurs, nos espoirs. On en invente même quelquefois pour exprimer l’inexprimable quand les joies sont trop belles ou quand les peines sont trop moches.
Mais quand il n’y a plus de mot…
Quand le silence, les cris et les larmes remplacent tous ces mots inutiles qui n’ont même plus de sens et qui ne sont même plus assez forts pour exprimer ce que l’on ressent.


Quand on ne veut même plus demander si  « ça va », parce qu’on sait que ça va pas et que c’est une question à la con à laquelle on répond toujours oui pour pas ennuyer les gens avec notre « ça va pas ».
Alors quand il n’y  a plus de mot face à la souffrance d’une maman à qui l’on a dit qu’elle va perdre son enfant, face à la souffrance d’un enfant (même si tout est fait pour qu’il souffre le moins possible), les papillons bleus continuent de voler dans nos têtes, sur les réseaux sociaux, juste pour dire « on pense à toi mon Isabelle, on pense à toi petit et courageux Téo ». On ne peut rien faire, on ne peut pas dire grand chose… mais on pense à vous.
J’ai emmené tout le monde avec moi , comme si ma souffrance et surtout celle de Téo et de sa maman allait être atténuée un peu avec le nombre… Et vous êtes très nombreux et ça me touche vraiment beaucoup. Parce que même s’il n’y a a plus de mot, c’est rassurant de savoir qu’on n’est pas tout seuls. J’aurai espérer ne jamais vivre cela. Et que mon amie soit épargnée. Que Téo vive très longtemps. Mais ça n’a pas été le cas. Alors les papillons racontent tous les mots (et les maux).
Voilà c’est tout.

Aujourd’hui, il ne parle plus, mais il parait qu’il nous entend… J’ai peur qu’il ait mal, même s’il ne dit rien.

Les médecins ont été impuissants face à la maladie de Téo. J’espérai naïvement que toutes les intentions (la cuvée Téo, les envois massifs de courriers à l’hopital, le mois du vin, l’Ipad, nos pensées, les rencontres, la zumba) auraient un effet dissuasif sur elle. Comme si on lui avait dit « va-t-en, on est trop nombreux, tu ne feras pas le poids… Mais elle a vaincu et je suis profondément déçue.  Parce qu’elle a gagné et que c’était pas loyal. Parce qu’il n’a même pas 10 ans.

Si un jour vous croisez un ange gardien avec un oeil au beurre noir, c’est le mien…Enfin… c’était le mien ou plutôt  celui qui était chargé de veiller sur moi et sur les gens que j’aime… à qui j’ai mis un gnon…Et que j’ai renvoyé dans son pays, qu’il refasse une formation digne de son grade ou qu’il disparaisse à jamais.

Téo, il m’aura fait changer mon regard sur la vie. Sur les priorités et les importances qu’on accorde à des choses ou des gens sans importance. Parce que le plus important, c’est juste la vie, celle que l’on vit près des personnes qu’on aime.
Merci Petit Téo.

teo

Je veux me rappeler de Téo comme il était vraiment, avec sa bonne bouille,
ses yeux pétillants et son sourire contagieux.

6 Commentaires

  1. Garder cette belle image d’un Téo souriant, c’est le plus beau des souvenirs.
    Et pour l’ange gardien, le mien a deux yeux au beurre noir depuis longtemps.
    Courage à tous et plein de bisous même si cela n’atténuera en rien la douleur.

  2. petit Téo, devenu papillon, voles tout là haut,

    nous ne t’oublierons jamais, ni ton sourire, ni ta joie de vivre …

    immense courage à toutes et tous même si ce ne sont que de vains mots …

  3. Téo m’a appris à grandir encore et malgré mon âge avancé .. J’ai aimé partager durant quelques mois avec des scolaires un travail que j’appréciais .
    La suite apparemment ne sera pas possible ..
    Je rebondis en pensant à ce petit ange que rien n’arrêtait, qui gardait toujours le sourire, qui nous donnait une sacrée leçon, sans oublier Isabelle sa maman, sa famille , et Isabelle la vigneronne et sa famille qui a fait de notre amitié une relation encore plus forte par rapport à cette cause …
    J’embrasse les deux Isabelle et leurs familles , je leur souhaite beaucoup de douceur en cette date
    Je n’oublie pas …
    A chaque fois que je vois un papillon je lui dis d’aller vers Téo pour l’embrasser et lui faire un calin …

Répondre à basset Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *