AG comme Assemblée Générale

J’ai assisté à la première Assemblée Générale de L’inter Beaujolais.
J’ai cru que j’allais m’ennuyer à mourir.
Pas du tout!
J’étais avec la petite délégation de BBB (Bien Boire en Beaujolais). Toute seule, je n’aurai pas osé y aller.
ça m’a un peu rappelé les réunions de syndicat viticole de mon village (avec plus de monde). J’y suis allée une fois ou deux, il y a très longtemps.

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On nous fait tout d’abord un bilan  des comptes. Comme tout à chacun, on aime bien savoir où va l’argent qu’on leur donne. Mais on ne sait jamais vraiment. On essaie de nous persuader que c’est pour la bonne cause mais on a toujours l’impression que la bonne cause c’est l’autre et que nous, on n’en voit jamais la couleur.

Il y a quelquefois  des subventions ou des aides pour certains trucs. Moi, je m’y prends toujours trop tard, ou trop tôt, et j’ai jamais pu bénéficier de ce genre de choses. Alors les autres croient que j’ai une fortune personnelle qui sert à financer ce qu’on doit financer. J’aurais aimé, j’avoue. Alors on évite d’investir en fait, c’est pas plus compliqué que ça!

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Ensuite, on a eu un exposé qui était censé nous faire comprendre le marché du vin, les univers de consommation, les stratégies à mettre en place etc…
Par une agence de marketing.
J’ai toujours eu le sentiment que ces gens qui font du marketing expliquent des choses que seuls les gens qui ont fait du marketing peuvent comprendre.
Je n’ai pas fait de marketing. Mais j’ai étudié à l’université et écouté des conférences en allemand qui duraient des heures sur l’histoire ou la littérature allemande alors c’est pas un p’tit speech en marketing qui va m’effrayer!
Ce que je constate, c’est qu’on veut toujours essayer de résoudre les problèmes de mévente du beaujolais en expliquant qu’il faut se débrouiller pour vendre.
Tu parles d’une nouvelle!
Mais on ne prend pas le problème à la base. On a expliqué, il y a bien longtemps, aux vignerons comment il fallait qu’ils produisent beaucoup, on leur a dit de planter des vignes aussi pour en avoir encore plus, qu’ils pourraient gagner beaucoup d’argent, on leur a dit qu’il fallait qu’ils vinifient de telle façon pour que le négoce achète les vins. Une façon qui n’était pas la leur  mais on leur a bien expliqué que leur façon était has been , qu’il fallait être moderne, et pas rester des ploucs.

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Maintenant on leur reproche d’avoir planté des vignes partout, d’utiliser des produits qui tuent tout, de faire des vins qui ne plaisent qu’aux organismes certificateurs et au négoce mais celui ci ne veut plus acheter parce que le beaujolais… ça se vend plus comme avant. Alors on essaie de leur expliquer qu’il faudrait repenser les façons de faire. Mais qu’ils devront le faire tout seul cette fois si.

Alors tout le monde y va de son jugement accablant sur ces vignerons.
Toi, quand ton patron te dit de faire un boulot, qu’est ce que tu fais? Et bien tu le fais, parce que c’est lui qui te paie et que t’as juste envie de garder ce putain de boulot qui te fais bouffer, toi et ta famille.
Le patron, ici en beaujolais, c’était le négoce. Tout le monde croyait bosser comme des indépendants.
Non, le patron c’était lui, juste lui.

Aujourd’hui, tout le monde en veut au négoce parce qu’il a abandonné le navire. Ou tout du moins la plupart des navires. Certains vignerons ont pris une barque. Pas trop rassurés parce qu’ils ne savaient pas nager mais ils ont appris, tant bien que mal.
D’autres ont coulé… On a essayé de leur balancer quelques billets à coup de subventions mais les billets, ça fait pas apprendre à nager. On aurait mieux fait de leur balancer des bouées…
Maintenant, on essaie d’expliquer à ceux qui se sont accrochés au navire qu’il va falloir qu’ils le lâchent définitivement.

On leur parle marketing. On leur dit qu’il faut qu’ils définissent leurs univers, que selon l’univers de leur vin, il faudra s’adresser à une certaine clientèle etc… On leur  dit des mots comme romantisme, hédonisme, Beaujonomie…
J’ai imaginé le vigneron, rentrant chez lui, qui n’avait encore rien vendu cette année au négoce et qui pensait commencer à commercialiser… Il a du passer une bien mauvaise nuit… Parce que moi, même si j’ai compris ce que voulait dire le Monsieur du marketting, je me demande comment je pourrais m’en servir pour vendre mes bouteilles…

Cultiver, produire, vinifier, vendre, ce n’est pas du marketing. C’est l’histoire des femmes et des hommes du vin. Qu’il faut qu’ils se réapproprient. On leur a volé leur savoir faire il y a des décennies. Il faudra un long travail pour qu’ils réapprennent à faire et à savoir sans douter. A retrouver la confiance. Et je sais que la confiance, quand on l’a perdu, on ne la retrouve jamais comme avant.

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3 Commentaires

  1. Votre retour sur cette assemblée générale interpelle. Elle ne semble pas du tout adaptée aux vignerons d’aujourd’hui. Vous soulevez de vraies problématiques quand vous parlez des professionnels du marketing. Il faudrait peut être que ces AG incluent des vignerons qui sauront parler aux aux vignerons !

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