Au fil du temps

A dix huit ans j’ai quitté ma province
Bien décidé à empoigner la vie
Le coeur léger et le bagage mince
J’étais certain de conquérir Paris…

Ce n’est pas tout à fait comme ça que ça s’est passé!

Il y a 18 ans, on a décidé de ne plus utiliser les produits chimiques qui étaient mauvais pour notre santé et celle de nos enfants. On n’avait juste pas envie de mourir empoisonné. Bruno s’est intoxiqué gravement. Et ça nous a fait peur. Surtout à moi. J’ai du gérer une situation d’urgence. J’ai hurlé, paniqué, appelé ma mère avant d’appeler le docteur…! J’ai cru qu’il était mort, qu’il ne se réveillerait pas.
J’avais déjà peur avant ça. Parce que j’ai toujours eu un peu de mal à faire confiance à ce vendeur de produit qui venait à la maison nous faire l’éloge de ces poisons et qui sentait la mort. Au sens figuré, certes, mais surtout au sens propre. J’ouvrai les portes et les fenêtres après son  départ tellement ça sentait mauvais les produits chimiques. J’ai appris qu’il disait de nous qu’on était des farfelus quand on n’a plus voulu le recevoir pour faire gonfler son carnet de commande.
Quel ingrat!

On ne savait même pas ce qu’était la culture bio. On n’allait pas faire du bio. On allait juste plus jamais utiliser des produits dangereux pour nous. Certains vignerons ont même demandé à nos proches si Bruno n’était pas malade… Faut être fou pour ne plus désherber et pour ne plus traiter avec tout cet attirail.

On n’était pas fous. On revenait plutôt à la raison. C’est quoi cette manie de penser que c’est raisonnable de faire comme le plus grand nombre? Que c’est pure folie de réfléchir?

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Alors comme les gens ont manifesté pas mal d’agressivité envers notre choix. J’en ai développé aussi j’avoue.
Pur instinct de défense surement.
Et puis parce que j’avais peur de me tromper.
Quand t’es sure de faire le bon choix, mais que tu vois que tout le monde est contre toi, ça énerve.
J’en voulais aux gens.
Alors, j’ai beaucoup lu, j’ai beaucoup écouté, j’ai posé des questions. J’ai entendu le pour et le contre. Je n’ai pas osé m’interposer d’abord. Parce que j’étais jeune. Que je ne me sentais pas légitime. Pas du milieu. Et quand t’es pas du milieu, tu ne le seras jamais. C’est comme ça. Je le sais aujourd’hui.
Bruno l’était lui… Du milieu.
C’te chance!
Même s’il a toujours considéré que c’est moi qui avait de la chance. De n’être pas enfermée dans des rancoeurs, des trucs qu’on te transmet de père en fils et dont tu as du mal à te débarrasser. Et quand t’es du milieu, t’es fâché avec des gens que tu sais même pas pourquoi. A cause du grand père qu’a donné les vignes au Benoît juste pour emmerder le Jean Claude.

Aujourd’hui je sais qu’on a fait le bon choix. Pour nous.
Je n’en veux plus aux gens. Même si souvent, je ne comprends pas cet acharnement à défendre la chimie et ses dangers.

On veut aller plus loin maintenant.
Vers la biodynamie.
Parce que nous voulons rééquilibrer et revitaliser le végétal, parce que nous voulons redynamiser nos sols. « Le domaine viticole, comme tout autre domaine agricole, est considéré comme un organisme vivant. Le sol cultivé n’est pas un simple support pour la vigne mais bien un milieu de vie, source d’énergie pour la plante tout comme son environnement aérien. »

Nous avons l’impression d’être arrivé au bout de l’agriculture biologique. Nous avons besoin d’un second souffle, nos vignes et nos vins également.

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Le processus est lancé. Nous nous sommes tournés vers Biodyvin après discussion avec des vignerons. Nous avons encore tant à apprendre.  J’espère avoir envie d’apprendre pendant longtemps encore.
Si tu as la certitude de tout savoir, c’est que tu ne sais rien. 
Moi, j’ai toujours l’impression de ne rien savoir.

Je sais qu’on ne peut pas plaire à tout le monde même si je voudrai être aimée du monde entier.
Je ne fais pas toujours ce qu’il faut pour ça.
Aujourd’hui, je veux juste qu’on se plaise à nous même. Et ça vous plaira sans doute aussi, à vous… à quelques uns en tout cas.

Pendant qu’on réfléchit, on agit un peu aussi!
La taille avance.

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Les mises en bouteilles de 2015 se préparent.
Les P’tit poquelin 2015 sont déjà en bouteilles mais ils seront vite épuisés.
Les saint Véran 2015 seront en bouteilles demain. Cette année, il n’y aura qu’une seule cuvée 100% nature. Sans ajout de sulfite, sans filtration. Parce que c’est décidemment comme ça qu’on les préfère! Seront d’abord servi nos fidèles clients. Et les autres… s’il en reste…Parce que beaucoup de monde en veut et qu’il n’y en aura pas pour tout le monde!
Suivront les Aligotés 2015 ainsi que les Mon Blanc 2015.
Et les rouges: Moulin à Vent, Poquelin, Morgon et Fleurie.
Les Pouilly Fuissé 2015
resteront encore tranquille quelques mois.

Affaire à suivre… encore et toujours!

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4 Commentaires

  1. Bon vent dans vos choix qui me semblent logiques et le juste aboutissement de la démarche. 🙂
    Pour les 2015, je guette et j’espère en trouver chez Sandrine 😉

    Olivier

  2. Bonjour Olivier, merci pour tes encouragements et oui je pense que tu devrais pouvoir trouver ton bonheur chez Sandrine dans quelques semaines!

  3. Découvert votre beaujolais nouveau ce jeudi chez mon caviste…..et votre site
    Amateur uniquement de vin bio et biodynamique j’aime le dynamisme de votre site qui en dit long déjà sur vos vins
    Je les guetterai dorénavant chez le même caviste

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