Manifestations, hausse des prix et ta soeur?

Depuis quelques jours, les vignerons du beaujolais ne sont pas très contents. Plutôt en colère même.
Ceux qui vendent leur vin en vrac aux négociants.
Le beaujolais nouveau.
Ils manifestent donc et demandent des prix rémunérateurs. (parce que 2015 est un super millésime (comme en 47 , à ce qui parait, sauf que  j’étais pas née et la plupart de ceux qui manifestent non plus d’ailleurs, ou ne faisaient pas de vin) que la récolte est petite etc…) et que les négociants se foutent vraiment de leur gueule, pour parler poliment (désolé, je ne voyais pas d’autres façons de faire passer le message)

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Evidemment, en tant que vigneron, du beaujolais qui plus est, on est en parti de leur côté. En parti.

Parce que je vous avouerai que ça fait bien longtemps que je ne crois plus en cette commercialisation. A la vente en vrac au gros négoce .
Deux gros négoces (je crois) se partagent le marché. Ils sont donc tout puissant. Et peuvent organiser  les prix et les délais de paiement comme ils le souhaitent.
C’est déloyal.
Mais les vignerons, à mon avis, sont aussi responsables de la mise en place de ce type de marché depuis des décennies.

Alors  je me demande si les vignerons ne s’accrochent pas désespérément  à un monde qui n’existe plus. Ce monde où l’on attendait patiemment que le courtier vienne échantillonner, où il revenait quelques jours après afin de fixer les règles du jeu, où la citerne enlevait la presque totalité de la récolte quelques jours plus tard… Au mois de novembre la cave était vide. ??
J’en conviens, c’était chouette. Le vigneron pouvait aller à la chasse tranquillou dès la fin des vinifications, et sa femme faire les boutiques pour s’acheter les dernières nouveautés de la collection automne hiver.
Il avait fait son travail. Vendu son vin et il avait la reconnaissance suprême de ses congénères.

Le monde du vin est un monde qui évolue, comme tous les mondes. On ne fait plus du vin aujourd’hui comme on le faisait il y a 20 ou 30 ans. C’est comme les tapisseries à fleurs dans la cuisine, ça passe de mode. Evidemment, on s’habitue à ses tapisseries à fleurs et on ne se rend plus compte que c’est has been ( jusqu’à ce que ça devienne vintage). Le vin, on ne lui laisse pas le temps de devenir vintage, le beaujolais nouveau encore moins…

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Ton corps change, ce n’est pas sale

Aussi, on ne vend plus aujourd’hui le vin comme on le vendait il y a 20 ou 30 ans. Tout le monde s’en fou de savoir si t’as une médaille d’or de la plus belle chemise à fleurs. Si tu es Coup  de coeur dans le Guide des meilleurs vins de ton patelin. On s’en fou de savoir que ton meilleur pote vigneron et voisin trouve ton vin à son goût. C’est pas lui qui va te l’acheter. En plus il fait les mêmes vins que toi, parce que c’est le négoce qui lui a demandé… alors forcément, il n’est pas objectif!
Comme dirait mamie, aujourd’hui, c’est le monde de l’internet. Et internet, c’est un bouche à oreille planétaire. Si les gens aiment ton vin, ils vont le dire à des gens qui vont le dire à des gens etc, etc… Des réseaux se créent. Par goût. Par affinités.
Il faut faire les vins qu’on aime. On trouvera surement des gens qui ont les mêmes goûts que nous. #tousLesGoûtsSontdanslaNature

J’en conviens que la remise en question n’est  pas si facile.
C’est évidemment plus aisé de demander à son acheteur de changer plutôt que de changer soi même.

Nous, quand on a repris le domaine, on vendait le vin à des négociants. Et puis le vin a commencé à ne plus leur plaire (il y a 25 ans de ça). Parce qu’il fallait vinifier comme ils le demandaient. En faisant de la thermo. On n’a pas voulu. Parce qu’on n’ aimait pas les vins vinifiés de cette façon. Parce qu’on n’avait pas envie qu’on nous dise comment  faire dans notre cuvage. Alors on n’a plus vendu de vin (c’était la belle vie, on vivait d’amour et d’eau fraîche).
Il courrait des bruits que ce n’était pas bon chez Perraud, parce que le négoce ne voulait plus acheter.
Bruno a été très affecté.
Pas moi. Pas de la même façon. La douleur et les souffrances décuplent mes forces!
Je trouvais que nos vins étaient bons. Et j’allais le prouver au monde entier (j’étais jeune et un peu insouciante).
Bien sur, je ne savais pas si j’allais y arriver. #QuiNetenteRiennarien
On a juste continué à suivre notre ligne de conduite. Et on en a bien bavé.
On n’a a plus jamais vendu aux gros négociants .J’ai même eu l’honneur de dire, un jour quand le courtier m’a appelé pour acheter du vin « je vais réfléchir et vous rappelle » (pour faire comme ils faisaient, ne jamais rappeler!)
(belle histoire non?!)

C’est beaucoup plus facile de parler et de vendre ses vins quand ils sont fait avec nos tripes et non pas avec les conseils des tripes des autres.

Tout ça pour dire, que le combat des vignerons du beaujolais est légitime bien sûr. Mais qu’il  faudrait peut être enfin penser à l’avenir.
Pas juste au millésime suivant. Mais à l’avenir lointain.
On ne se remet pas en question juste au moment de la vente des beaujolais nouveaux. Mais aussi en janvier, février, mars, avril, mai etc…
On ne résout rien en arrachant les vignes. Ce n’est pas parce que le négoce a besoin de moins de vin qu’il faut arracher les vignes. Il y a des millions de gens sur la terre qui ont envie de boire des vrais beaujolais de vignerons. Mais ils ne le savent pas encore!
A nous de leur prouver que nos beaujolais sont bons et même très bons! Sans les gros négociants.

3 Commentaires

  1. Parfaitement, je suis d’accord je n’aime pas les Thermos, je suis fan du beaujolais et du beaujolais nouveau

    Effectivement on se laisse dicter la loi par le negoce
    Mais Si personne ne vend à ce prix !!! Que se passe-t-il ?

    Faire un vin de qualite avec du caractère que l’on aime avec amour

    Faire aimer et découvrir son produit aux jeunes qui perdent la culture
    Des bons produits

    Bon courage

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