Le millésime 2019 est en cave. Une partie en est déjà sortie!
Et je vais vous en conter un peu l’histoire!
Ceux qui nous connaissent et qui sont venus au Domaine visiter les vignes, savent qu’un gros travail a été mis en place.

Le millésime 2019 est en cave. Une partie en est déjà sortie!
Et je vais vous en conter un peu l’histoire!
Ceux qui nous connaissent et qui sont venus au Domaine visiter les vignes, savent qu’un gros travail a été mis en place.
Je sors de ce millésime un p’tit peu cabossée.
Mais heureuse qu’il soit enfin rentré.
C’est un peu contradictoire: on voudrait que le temps s’arrête quelquefois sur des moments importants et délicieux mais on est impatient souvent qu’il soit passé, pour panser d’autres choses.
J’ai regardé les publications sur les vendanges sur les réseaux sociaux et j’avais l’impression d’être au pays des bisounours! C’était réconfortant. A celui qui postait la plus belle photo de ses plus beaux raisins! C’est assez drôle quand on essaie de prendre le recul nécessaire pour en rire.
Mais je sais ce que je vis au moment où je poste une mine réjouie sur ces fameux réseaux!
Ceux-ci nous ont appris cette chose extraordinaire: paraître heureux et sourire à pleine dent, même quand on est triste à mourir! Parce que les gens n’ont que faire de ton malheur, ils doivent s’occuper du leur. Par contre ton bonheur, il l’espère contagieux.
Il y a quelques mois, nous avions fermement décidé de commencer une conversion vers la Biodynamie.
Encadré par un organisme certificateur.
Pour avancer et apprendre. Car c’est bien les échanges qui font que les hommes (et les femmes) progressent et grandissent.
(Bon je me suis d’abord demandée pourquoi mettre les femmes entre parenthèse. Parce que j’employais le mot homme dans son sens général de l’être humain. et puis me voilà en train de me justifier! Les femmes me comprendront!)
Pendant longtemps j’ai pensé qu’il ne fallait pas forcément mettre à tout prix un logo sur une étiquette. Pour plein de raisons. Et de peur surement d’être accusée de faire du marketing. Je le suis tout de même! Parce que je communique beaucoup sur ce que l’on fait. Parce que j’aime ça. Parce que j’ai envie de vous dire ce que l’on fait. Parce que sinon, personne ne le fera!
Aujourd’hui, je pense que c’est nécessaire de spécifier sur nos étiquettes que l’on est en bio. Pour faire la promotion du bio.
En ne mettant pas le logo sur les bouteilles, on laisse croire aux gens que ça n’a pas d’importance pour nous. Que la manière de cultiver, qu’elle soit bio ou conventionnelle n’y changerait rien.
C’est faux. ça change évidemment tout.
On a décidé de passer en biodynamie. Pas sur un coup de tête.
(L’agriculture biodynamique , appelée communément biodynamie, est un système de production agricole inspiré par l’anthroposophie, courant spirituel dont les bases ont été posées par Rudolf Steiner dans une série de conférences données aux agriculteurs en 1924.)
L’autre jour, j’ai répondu à une interview concernant l’enherbement. Et quand on me pose des questions, je m’en pose ensuite moi même! J’aurai d’ailleurs passé ma vie à me poser des questions et à chercher des réponses. Je ne sais malheureusement pas tout expliquer. Mais on ne pourra pas me reprocher de ne pas avoir essayer.
Sur le Domaine, on n’a pas un enherbement maîtrisé. C’est plutôt l’herbe qui nous maîtrise.
Faut juste assumer et se dire qu’on ne pourra pas faire parfaitement.
A dix huit ans j’ai quitté ma province
Bien décidé à empoigner la vie
Le coeur léger et le bagage mince
J’étais certain de conquérir Paris…
Ce n’est pas tout à fait comme ça que ça s’est passé!
Il y a 18 ans, on a décidé de ne plus utiliser les produits chimiques qui étaient mauvais pour notre santé et celle de nos enfants. On n’avait juste pas envie de mourir empoisonné. Bruno s’est intoxiqué gravement. Et ça nous a fait peur. Surtout à moi. J’ai du gérer une situation d’urgence. J’ai hurlé, paniqué, appelé ma mère avant d’appeler le docteur…! J’ai cru qu’il était mort, qu’il ne se réveillerait pas.
J’avais déjà peur avant ça. Parce que j’ai toujours eu un peu de mal à faire confiance à ce vendeur de produit qui venait à la maison nous faire l’éloge de ces poisons et qui sentait la mort. Au sens figuré, certes, mais surtout au sens propre. J’ouvrai les portes et les fenêtres après son départ tellement ça sentait mauvais les produits chimiques. J’ai appris qu’il disait de nous qu’on était des farfelus quand on n’a plus voulu le recevoir pour faire gonfler son carnet de commande.
Quel ingrat!
Je me sens apaisée…
Enfin.
2014 sera un millésime plein de souvenirs, des bons et des mauvais.
Comme d’habitude me direz-vous?
Non, pas comme d’habitude.
Je me sens apaisée aussi parce que tous les raisins sont rentrés.
Enfin, non, pas tous.
Il reste une petite parcelle, aux Guillats, un peu plus tardive que les autres qui profite encore des derniers rayons du soleil.
J’avais beaucoup de colère en moi.
A cause de plein de choses.
Il y a des choses que l’on fait parfois, des décisions que l’on prend sans vraiment sans rendre compte, parce qu’on a envie d’être libre.
C’est bien souvent inconscient.
On se sent enfermé dans un truc. Comme une sphère dans laquelle on tournerait sans jamais trouver la sortie. On y est bien mais on étouffe petit à petit, sans en avoir conscience.
Alors quand on a la possibilité d’en sortir, on n’hésite pas, croyant qu’on va pouvoir enfin respirer librement, comme on le veut…
Et bien non, on se renferme dans autre chose.
Quand on a commencé à faire des vins « dits natures », il y a plus de 10 ans. On croyait qu’on pourrait se sortir d’un conformisme trop présent et trop pesant. Mais encore, à ce moment là, on ne s’en rendait pas vraiment compte. On se sentait un peu étouffé dans notre travail, ayant l’impression de ne pas pouvoir aller au bout d’un truc qu’on ne savait même pas quel était vraiment le bout!
Les vins « natures », c’était : « je fais ce que j’aime et pas ce qu’on m’impose de faire ou d’aimer ».
Bon, on a bien était tourmenté mais on l’a peut être bien cherché.
Ce n’est pas ça le plus important.
Aujourd’hui, j’ai l’impression de m’être un peu enfermé dans un monde de « vin nature »où l’on traque le plus nature que nature.
Où le Nature s’oppose aux Autres.
Pour vivre heureux, arrêtons de comparer…
Plus facile à dire qu’à faire.
Mais nous ne sommes pas des objets dans un magasin.
Et quand on regarde Marie Emilie, on la voit plus belle, plus mince, plus sexy que nous…
Et v’la l’aigreur qui s’installe.
Pas l’aigreur d’estomac.
Non?
La vraie aigreur qui vous rend aigrie.
L’aigreur qui rend moche.
En plus, Marie Emilie, on ne la connaît même pas. Elle a même tendance à se trouver plus moche que nous.
On préfère évidemment se comparer à plus intelligent, plus beau et plus riche que soi. Du coup, ça nous rend malheureux.
Il suffit juste de se trouver une ou deux qualités, de les mettre en avant et …
Ouais…
Pareil pour les vins.