Domaine des Côtes de la Molière

 

dimanche 28 février 2010

microbiologie des sols...

Hier, Élodie me demande de l'aider. Elle doit présenter un dossier à l'oral pour son Bac. Elle a une option Biologie/écologie dans son Bac scientifique dans un lycée agricole...
Vaste programme!
Elle voudrait parler de notre démarche en bio, expliquer le pourquoi du comment. Nous en avions déjà discuté. J'avais déjà répondu à un petit questionnaire!
Mais là, elle veut développer quelque chose de plus concret et surtout de plus précis. Et nous voilà partie sur le sol, la vie du sol et la microbiologie du sol. Je lui explique que jamais, lorsque nous étions en conventionnel, on ne nous a parlé du sol. Il était là, bien sur...Mais nous n'avions pas conscience de son existence et de son importance. Bruno, dans ses études viticoles, n'a jamais entendu parlé du sol, mais uniquement de désherbant et d'engrais chimique...Nous feuilletons ses cahiers de cours de l'époque...et nous sommes choqués de constater que les professeurs leur faisaient coller les étiquettes des produits qu'ils devraient utiliser plus tard. Bref, la machine chimique était en route. Et tant qu'on ne prend pas conscience que seul l'argent guide les pratique agricole, on ne peut pas réfléchir librement. Parce que si on utilise tel désherbant, on est ensuite obligé d'utiliser tel engrais chimique pour tenter de remplacer le rôle du sol et de la terre. Si on utilise tel insecticide, on déstabilise toute la lutte biologique naturelle et là, on est à l'affût de la moindre petite bête qui devient dangereuse.
Bref, merci les vendeurs de produits chimique, vous avez bien fait votre travail et c'est les grosses firmes chimiques qui sont heureuses aujourd'hui...
Les sols eux, le sont beaucoup moins...Et lorsque nous passons des parcelles en conversion, nous prenons conscience que nous n'avons plus de sol, encore moins de sous sol, plus de vie, uniquement de grands espaces complètement mort et asseptisé.
Et là, qu'est ce qu'on entend? Que c'est la faute de l'herbe si nos vignes déclinent tout à coup!!! N'importe quoi! L'herbe, ennemis de la culture conventionnelle! Mais elle n'y est pour rien. Le seul responsable de la mauvaise santé des vignes: le sol ou plutôt NOUS. Parce que c'est nous qui avons détruit la vie dans les sols en utilisant, comme de bons élèves, les produits qu'on nous conseillait...
Il faudra plusieurs années pour tenter de retrouver un peu de vie dans nos sols. Et 11 ans plus tard, nous sommes heureux de marcher dans nos vignes, de sentir un sol un peu plus vivant, plus aéré...Mais notre travail n'est pas terminé. Il est plus facile de détruire un sol que de lui redonner vie...

Bien sur, aujourd'hui encore, il n'est pas facile d'expliquer ces choses là dans un lycée agricole devant un jury. Élodie sait qu'elle prend un gros risque. Il faudrait leur parler de choses qu'ils ont envie d'entendre. Mais pas de la mort biologique de nos sols. C'est pourtant une réalité qu'il faudra bien regarder en face quitte à blesser quelques esprits rigides qui ne veulent pas reconnaître les erreurs qu'ils ont commis. Il faudra bien avancer un jour, qu'on le veuille ou non.

À ce sujet, ce matin je lisais que des fleurs allaient être plantées sur les bords de 250 km de route pour permettre aux abeilles de survivre...Mais jamais on a pensé à réduire ou supprimer les insecticides qui les faisaient mourir. Les abeilles ne sauraient-elles pas des insectes???? On trouve de fausses solutions à de vrais problèmes...pour se donner bonne conscience? Ou pour ne pas léser les fabricants de produits chimiques...Il ne faudrait pas qu'on soit la cause de leur faillite...




samedi 27 février 2010

Blog vigneron du mois!

Voilà ma surprise ce matin: mon blog a été sélectionné "blog vigneron du mois" sur le site e-viti . Et bien sur je suis très contente et je tiens à vous le faire partager!
On dit que mon blog n'est "pas trop difficile à digérer". Effectivement, je ne veux pas faire de long discours avec des mots incompréhensibles. Je veux être lues et comprises du plus grand nombre. Et de nombreux blogs que je suis tous les jours sont comme cela. Les autres, je ne sais pas, je ne les lis pas!!!
Alors merci à tous mes fidèles lecteurs qui font que le blog existe encore après presque 3 ans déjà, malgré quelques déboires de temps en temps!
Rançon du succès je présume!
Mais plutôt que déboire, pensons plutôt à boire bon, nature et bio!

Et quant à la rubrique "Qui sommes nous"...Je vais y réfléchir. Mais nous sommes juste un homme et une femme qui essayons de faire leur travail du mieux qu'ils peuvent et d'enseigner à leurs enfants des valeurs que nous pensons primordiales...bref, des parents normaux, je pense!

lundi 15 février 2010

L'Épreuve: la preuve!

La neige est encore tombée en abondance sur Vauxrenard ces derniers jours. Alors, comme nous ne pouvons pas tailler, nous avons le temps de préparer nos vins pour les prochaines mises en bouteilles...
Tout d'abord le Moulin à vent 2009 dont une partie est en fût de chêne et l'autre en cuve. Nous les avons porté à l'analyse. Les fermentations malolactiques sont terminées.
Nous avons préparé un assemblage ce matin de toutes les cuvées et il nous parait très correct! Le bois est présent mais pas trop, une belle longueur en bouche, beaucoup de fruit, très copieux... bref, il n'est pas mal du tout!!! Nous devrions procéder à l'assemblage grandeur nature rapidement et le laisser tranquille quelques semaines pour que les vins fassent connaissance...
Ensuite seulement, nous pourrons le mettre en bouteilles.
Deux éléments précipitent un peu notre choix: le premier est que nous n'avons plus de stocks de millésimes antérieures et que les clients s'impatientent un peu! et le deuxième est que nous avons fait une vinification et un élevage sans soufre et nous ne voulons pas prendre plus de risques! C'est assez délicat, il faut tout de même l'avouer, surtout pour les élevages en fût...

Une autre cuvée se termine doucement: l'Épreuve 2009 (qui seront les preuves d'Isabelle!)...seulement 200 bouteilles seront disponibles. C'est la première cuvée sous mes ordres! Elle a été vinifiée dans une petite cuve de 200 litres...foulée aux pieds. Mais très docile, elle est assez vite partie en fermentation pour ne pas trop m'inquiéter! Elle a fermenté de longs jours, très régulièrement. et a même commencé sa fermentation malolactique! Elle est un peu en dormance avec le froid mais devrait se terminer rapidement dès que les températures se réchaufferont! Elle est placée dans 3 petits fûts de bière en inox de 50 litres chacun!
"élevage en fût de bière", pas courant pour un Beaujolais!!! C'est un vin très harmonieux aux arômes floraux avec des notes de réglisses...



Attention! il n'est pas encore en vente...pas encore en bouteilles d'ailleurs! L'étiquette est prête et elle attend impatiemment d'habiller timidement ce vin prêt à faire ses preuves!

samedi 6 février 2010

De l'eau dans le vin? surement pas!



Au cours des dix dernières années, le grand public a véritablement commencé à prendre consciente et à s’inquiéter des menaces qui pèsent sur les ressources en eau et les écosystèmes environnants.
En revanche, la situation n'a guère évolué au niveau politique. Les critères économiques et les considérations politiques continuent de déterminer la plupart des décisions concernant la gestion des ressources en eau, que ce soit au niveau d'une ville, d'une région, d'un pays ou même de plusieurs pays.
En dépit des appels répétés lancés par des experts du monde entier, nous sommes bien loin d’une approche de la gestion des ressources en eau qui tienne compte des connaissances scientifiques et de l'application des meilleures pratiques existantes. Et pendant ce temps, les pressions sur nos ressources en eau s’accentuent.

Les facteurs qui influent sur les ressources en eau comptent notamment:
la croissance démographique, en particulier dans les régions pauvres en eau,
la migration massive de populations de la campagne vers les villes,
l’exigence d’une plus grande sécurité alimentaire et d’un meilleur niveau de vie,
l'accroissement de la concurrence entre les différentes utilisations des ressources en eau, et
la pollution générée par les usines, les villes et les terres agricoles.

Ainsi 75% des eaux françaises sont très fortement dégradées. Ce bilan, déjà préoccupant, "est loin de refléter la réalité", car il ne prend pas en compte les micro-polluants tels que les produits pharmaceutiques, phtalates (présents dans les plastiques), retardateurs de flammes bromés, dioxines (cancérigènes), ni les micro-algues toxiques. rassurant, non???

Petite et rapide introduction pour dire qu'à Vauxrenard aussi, l'eau devient une préoccupation et que l'on s'inquiète tous de notre eau future. En effet, une loi nous imposerait maintenant à abandonner nos sources pour nous rattacher à un réseau plus rentable.
En effet, nous avons encore la chance d'avoir de l'eau de source qui coule de nos robinets mais plus pour très longtemps...
Quels sont les arguments?
Très simple. lorsqu'on veut faire accepter des choses inacceptables, on parle d'argent. Ce serait beaucoup trop cher d'entretenir nos sources: 350000 € contre 50000 € pour de l'eau de...merde...Ahhhh!Tout d'un coup, l'eau de merde n'est plus si...merdique que ça...Pas si mauvaise au gout...Un petit arrière gout de ...Mais on devrait y prendre gout...
Bref une histoire de gros sous, de lobbies que l'on refuse de voir...
Alors que l'eau devient de plus en plus un bien très précieux, nous allons tristement abandonner nos filons...Et nous, habitants et consommateurs, nous n'aurons rien pu faire, rien pu dire pour nous opposer à cette manoeuvre secrète.
À Vauxrenard, les vignes disparaissent doucement, et l'eau devrait suivre le même chemin.
Est-ce l'avenir que nous réservons à nos enfants?
J'espère qu'ils seront assez intelligents pour nous le reprocher violemment dans le futur? Nous devrons alors avoir des arguments un peu plus solides pour justifier nos actes...

mercredi 3 février 2010

Le Bio vaut-il le coup? Dossier revue "la vigne"

Le simple fait de se poser la question me hérisse le poil! Comment peut-on encore se la poser, après le grenelle, après Copenhague...après tout ce que l'on sait aujourd'hui sur l'état de la couche d'ozone, sur l'état de nos rivières, sur l'état de la planète...
Apparemment, ce ne seraient pas de vrais arguments et encore moins les raisons pour lesquelles un vigneron choisirait de se tourner vers le bio...
Et non...les raisons seraient avant tout...économique.
Il faut que l'on prouve que le bio est plus rentable que le conventionnel...et pour cela on fait des calculs savants...On calcul les coûts de production qui sont bien plus élevés en bio de 5 à 50 % (c'est en Champagne où il serait le plus élevé...Francis nous expliquera cela! ). En effet, même si en bio on fait une économie sur les intrants, la mécanisation alourdit beaucoup les charges...Un vigneron bio, qui a fait le calcul,nous apprend que lorsqu'un vigneron conventionnel passe 1 heure par hectare et par an à désherber chimiquement, lui, passe environ 20 heures par an et par hectare...Je veux bien le croire!
Mais le hic, c'est les rendements:Beaucoup trop bas chez les bios...et là, désolé, ça ne vaut plus le coup...On a l'air de quoi de produire 15 ou 20 hectolitres à l'hectare?
Pourtant, les vins bios se vendent mieux...Ahhh, alors là, ça vaut le coup!!!
Mais attention, ce n'est pas parce qu'on passe en bio, que le client va se précipiter dans nos caves. Il faut se faire connaître et faire ses preuves...Mince, ça vaut plus le coup...

Je vous confierai que, lorsqu'on a pris la décision de passer en bio, on n'a pas penser à tout ça...Sinon...on aurait changé de métier...Bien sur que l'on fait des calculs, bien sur que l'avenir nous fait peur quelquefois, bien sur, bien sur...Mais je ne suis pas certaine que les vignerons conventionnels soient à l'abri de tout ça et que ça vaille plus le coup...