Quand la vigne commence à pousser, on commence, nous, à stresser. Parce qu’elle est là, sans casque, fragile, à la merci des intempéries.
Le fait qu’on stresse ne change pas grand chose, je vous l’accorde mais c’est dans la nature humaine d’avoir peur pour ce et ceux qu’on aime.
Et moi, je suis d’une nature assez…humaine, même si je ne comprends pas la majeure partie des êtres humains.
On a peur à chaque orage annoncé par la météo. On se rassure en se disant qu’elle se trompe souvent tout en allumant un cierge, au cas où elle ne se trompe pas. On reste méfiant, faut pas déconner non plus.
Les orages passent, on sert les fesses, on se dit qu’on n’est passé pas loin. Quelquefois, y a bien quelques grêlons qui font un peu de mal, mais on se rassure en se disant qu’il reste encore de bien beaux raisins et que si le ciel s’en tient là, on s’en contentera et on s’en estimera même bienheureux, comme Alexandre.
Et puis le fameux orage arrive. Celui qu’on attend depuis que la vigne a débourré.
Qu’on attend sans attendre, qu’on redoute plus qu’on attend, tout en sachant qu’il arrivera. Et en se disant que si on est épargné, ce sera vraiment un coup de chance.
Ce n’est pas un coup de malchance que d’être touché par un orage de grêle, c’est plutôt un coup de chance que de ne pas l’être.
