Vigneron-ne en 2021

Vigneron-ne en 2021

Cette saison, il faut l’avouer, nous met les nerfs un peu à bout.
A peine la vigne était-elle débourrée que le gel s’est invité, plusieurs nuits de suite, et encore la semaine qui a suivi.
Et puis voilà qu’au printemps, il s’est mit à pleuvoir, pleuvoir, pleuvoir beaucoup, sans arrêt, encore et toujours des semaines entières.
Avec un peu de répit…et ça retombait de plus belle. Avec quelquefois un peu de grêle, pas mal même…
Nous voilà dans l’été, avec toujours le même scénario.
Et une pression mildiou bien pressante.
Des traitements qui ne peuvent pas se faire, ou sans que ça serve à grand chose car ce sera lessivé quelques heures plus tard.
Traiter or not traiter, that is the question que se pose le-la vigneron-ne. Ne pas traiter, c’est passer pour un-e inconscient-e, un-e jemenfoutiste, un « tu viendras pas te plaindre si t’as plein de maladie » (ça me rappelle une certaine histoire de Covid et de vaccin cette histoire là).
Et aller traiter entre 2 averses, pour des histoires de conscience, quand tu sais très bien que tout sera lessivé (parce qu’on n’est pas débile, on a, nous aussi, les applications météo qui nous annoncent, un peu, ce qui se passera dans les heures, les jours à venir…).
Bref.

Vigne en fleurs le 19/6/2021

On nous demande, à nous vigneron-nes de rester humbles face à la nature, et … face à nos vins. On l’entend tellement souvent « c’est comme ça hein! », sauf que, secrètement, on aimerait que ce soit autrement…
L’humilité, la résilience, ce sont des mots à la mode, que l’on n’utilisait pas mais qu’on a toujours appliqué dans nos vies. Parce qu’on n’a pas d’autres choix.

Aujourd’hui, après cette mise au point du millésime 2021, qui n’est de toute façon pas terminé et dont on pourra tirer un bilan quand les raisins seront en cuve, puis les vins terminés…, j’ai envie parler des dégustations de vins. De ce que je lis, entends, vois, sur les réseaux sociaux et dans la vie, la vraie.

L’autre jour, un homme vient m’expliquer comment sont nos vins (ça ne partait pas très bien, mansplaining quand tu nous tiens!), ce qu’il en attend. « Avant vous faisiez des vins moins alcoolisés (genre on le fait exprès), etc…
Alors j’essaie de lui expliquer tranquillement, de m’exprimer avec des mots clairs, posés et intelligents.
Nos vins, comme nous, ont évolué. Et heureusement.
Mais il n’y a pas que nous qui avons changé et qui avons vieilli, pris de la maturité, de l’expérience, de la bouteille en somme!
La météo a changé, le climat a changé, nos vignes ont changé (22 ans de culture bio, la biodynamie etc…). Aujourd’hui, on ne sait plus faire des vins comme on les faisait il y a 20 ans. On a davantage de sucre dans les raisins, moins d’acidité, pour ne parler que de l’essentiel. Et beaucoup de nos remises en questions ont été remises en question elles mêmes par le dérèglement climatique…

Le mois dernier, nos vins ont été cités dans Le Monde (en France, c’est presque une première, parce que j’avoue ne jamais envoyer d’échantillons nulle part) et puis surtout au Danemark, par un Monsieur très influent dans le monde du vin, qui a attribué 6 étoiles (le max) au saint Amour 2019 et 5 étoiles au Poquelin 2018. Tout à coup, j’étais submergée de messages, de commandes. Et ça nous a fait un bien fou au moral!
Le saint amour 2019, c’était (je dois malheureusement en parler au passé!) l’un de mes vins préféré. J’ai du le défendre avec toute la conviction qui me caractérise parce que les gens le trouvaient réduit (oui de cette petite réduction qui donne une classe folle), trouvaient que la couleur n’était pas assez prononcée (on l’avait volontairement travaillé pour obtenir cette couleur et ça n’a pas été facile vu le millésime…) mais que je trouvais tellement désaltérante. Il avait la finesse et l’élégance des vins que j’aime mettre en bouteilles. On lui trouvait aussi « de la vol » qu’il n’avait pas…
Et on le comparait à 2018, et 2017.
Mais??? 2019, c’est 2019. On n’a pas voulu en faire un 2018 ou un 2017. Parce que ce n’est pas le même millésime. Parce que l’on fait des vins avec une vraie identité. Qui ne se ressemble pas d’un millésime à l’autre. Et heureusement! Qu’est ce que ce serait barbant!
Mais je me suis battue pour lui, comme je me bats pour d’autres! Parce que je lui savais des qualités incroyables que d’autres sauraient relever, surement à un moment donné. Parce qu’il n’est pas un vin juste glouglou ou « easy », comme on aime le dire dans le monde des vins natures. On s’évertue à essayer de vinifier du vin, vraiment, pas juste une boisson désaltérante pour s’enivrer rapidement.
C’est chose faite! Et j’ai été tellement fière que ce soit ce vin là, qui soit cité. Comme une petite revanche finalement « Je vous avais bien dit qu’il était magnifique ce vin »!

Un jour, un autre, lors d’une dégustation, Mickaël, célèbre caviste de Crus et Découvertes à Paris, me dit qu’il ne comprend pas pourquoi j’ai encore du Moulin à Vent 2019, parce qu’ il est tellement un grand vin, et qu’apparemment personne ne l’a compris!
Je lui explique que nos Moulin à Vent, quelquefois, ont eu des passages un peu compliqués (il le sait!), et qu’on nous juge souvent, très souvent, sur une dégustation à un moment donné, et qu’on n’y revient pas.
-C’est perlant, c’est réduit, c’est Perraud, bye bye!
Le Moulin à Vent, c’est nos vignes, à Chénas, tout là haut, au vieux Bourg, celles qu’on a acheté en 1993, celles que tout le monde nous déconseillait d’acheter, quand les banques ne voulaient pas nous suivre. C’est encore une grosse remise en question, pour comprendre l’endroit, le sol, les vignes, les raisins. C’est 22 ans de travail acharné avant de pouvoir sortir enfin, peut être, un vin qui nous satisfera en 2015.

Je me rappelle aussi, les moulin à Vent 2006, dont une partie du lot avait été bouché avec des bouchons défectueux. Pas de ceux qui donnent un gout de bouchon, mais de ceux qui rendent le vin « pas terrible ». Je commençais à avoir des retours parfois violents de quelques clients. Quand on a compris que c’était une partie de la mise en bouteilles qui était concernée, j’ai appelé tous ceux qui en avaient reçu. Certains m’ont retourné le vin et m’en ont voulu et n’ont plus jamais recommandé (super, sympa merci)
Pourtant, mon client à Boston, m’a dit qu’il les vendrait quand même, que je ne m’inquiète pas. C’est vrai que ce n’était pas mauvais, c’était juste « pas notre vin vraiment ». Et ce client là, qui venait nous voir très régulièrement, nous est fidèle depuis 19 ans, encore aujourd’hui. Parce qu’il a accepté et compris qu’on ne maîtrise pas tout, comme vous tous d’ailleurs…

J’ai tellement de reconnaissance pour tous ces gens, nos clients français et étrangers qui nous font confiance quand quelquefois même nous, on ne se la fait plus! Qui font confiance à nos vins, aux histoires sincères qu’ils racontent, notre histoire!

C’est compliqué d’accepter d’être jugé-e sur une gorgée balancée au fond d’un crachoir. C’est d’ailleurs aussi pour cette raison que je n’envoie pas mes bouteilles (ou que très rarement) à toutes ces dégustations qui attribuent des notes et des médailles… Dans une bouteille de vin, j’y vois nos sueurs, nos angoisses, nos bonheurs, nos réussites et nos échecs. Et se faire son idée, comprendre, en une seule gorgée, là comme ça, ça me parait impossible. Je voudrais tellement être là, à chaque bouteille ouverte, pour raconter nos vins!

Alors… je nous imagine dans un an, le millésime 2021 sera peut être en bouteilles, et j’entends déjà au loin, les éternels insatisfaits:
« ouais, bof, c’était meilleur en 2020 non?! »


Du sexe, du sexisme et du vin dedans

Du sexe, du sexisme et du vin dedans

Il est des sujets tellement rébarbatifs qu’on a tendance à ne plus oser en parler.
Et à ne plus en parler, on les laisse exister tranquillement…
J’ai l’impression que je m’évertue à défendre souvent des causes perdues d’avance…
C’est de cette cause perdue mais pas désespérée (j’ose le croire) qu’est le sexisme présent sur nos étiquettes de vin dont je vais débattre aujourd’hui.

Je vous entends d’ici « ahhh la revoilà à nous saouler avec ces histoires » Mais je serai assez pugnace et défendrai le féminisme tant qu’il y aura du sexisme!



Est-on obligé de faire ce genre de référence dangereuse pour vendre du vin? De continuer à véhiculer des messages qui font penser que la femme aime être violentée, que la femme doit être soumise, que la femme aime être violée par un homme dominant et consentant? Cela s’appelle la culture du viol, et c’est de cette culture dont il est aussi question quand une femme dépose plainte et de cette culture aussi dont il est question quand sa plainte n’aboutit pas parce qu’on estime que ce n’est pas si grave d’être contrainte d’être pénétrée ou d’être battue.

Pourtant quand je mets en cause ce genre d’étiquette, on me fait comprendre que je suis un peu coincée, que le sexe c’est comme ça et que c’était juste une blague potache, que je n’ai pas d’humour et qu’il faut que je pense à changer de métier si je ne sais pas rire de cela…
Euhhhh, comment dire…. J’ai 50 ans et j’aimerais qu’on ne m’explique pas ce qu’est le sexe parce que c’est de l’ordre de mon intimité, que la mienne n’est pas la vôtre et vice versa…

Ce qui me gêne vraiment c’est que c’est toujours et uniquement la Femme dont on va se servir pour illustrer ce genre de propos sexuel. Et que c’est presque toujours d’une façon très vulgaire et plutôt ringarde (si si ,c’est très très ringard).

Je n’illustrerai pas mon article avec ce genre d’étiquette, volontairement.

J’ai l’impression aussi que ça va de plus en plus loin, toujours, et que si on ne dit pas STOP, on devrait avoir, sous peu, des QR codes sur les étiquettes qui nous emmèneront vers des sites porno au milieu des vignes, dans les cuves ou que sais je…

Alors même si ces étiquettes semblent plutôt marrantes d’un premier abord, elles peuvent être dangereuses dans le message qu’elles véhiculent.
Le viol n’est pas une pratique sexuelle, c’est un acte violent, un crime puni par la loi.
La fessée est une pratique sexuelle, si elle est consentie par les 2 protagonistes, or bien souvent sur ces étiquettes, on ne perçoit qu’un seul consentement… celui de l’homme.
Et puis l’alcool là au milieu qui sous entend qu’on puisse abuser de quelqu’un qui serait ivre…

J’ai voulu dénoncer ceci sur Facebook, j’ai été bloquée plusieurs jours « pour avoir enfreins les règles de ce réseau social »…
Alors comme une petite fille qui aurait dit un gros mot, on m’a mise au coin, avec interdiction de parler. Avec la menace d’un blocage plus long si je ne respectais pas les règles à nouveau.
Ainsi, petit à petit, on formate notre façon de nous exprimer et de penser avec une liberté de plus en plus restreinte.
Et comme on est tous plus ou moins addicte, on préfère se plier aux règles, plutôt que de se rebeller…

ça fait flipper non?
J’ai pourtant vu passer des vidéos très violentes d’assassinats ou de passages à tabac sur ce réseau. Des photos ou des vidéos à caractères pornographiques. Sans que ça ne les dérange…
Par contre, quand on publie une photo d’une femme qui allaite, ou que l’on dénonce un peu trop violemment le sexisme en citant le mot « couilles », on est immédiatement bloqué…
Je me dis qu’un jour Facebook me rendra un grand service, celui de me bloquer définitivement parce que je n’aurais pas cessé de vouloir m’exprimer.

Souvent je fais un rêve, celui d’un monde où l’on respecterait les femmes, celui d’un monde où l’on ne violerait plus, où l’on n’agresserait plus, celui où l’on ne verrait plus ce genre d’étiquette, parce que l’homme aurait toute sa conscience.
Et puis je me réveille, me lève, je file aux toilettes, j’allume instagram en préparant mon thé et tout me rappelle que ce n’était qu’un rêve.

Je me rappelle aussi cette table ronde « le sexisme dans le monde du vin » lors de l’évènement Womendowine à Paris l’an dernier, que j’avais animé avec Magali et Marie Isabelle et ce sentiment d’effroi qui m’avait envahi après tous les témoignages (et ceux que j’avais eu en privé ensuite…)


J’en ai assez des étiquettes sexistes qui font, au pire l’apologie du viol et au mieux l’instrumentalisation de la femme comme simple objet sexuel.
Qui font passer un message qu’une femme, si elle a bien bu, sera plus facile à prendre ou à claquer. Et qu’on pourra en disposer comme bon nous semble.

Alors comme c’est difficile pour nous, les Femmes, de nous exprimer sur cette question (soit on nous fait taire, soit on nous empêche de parler, soit on n’ose pas l’exprimer…) j’ai décidé de faire parler mon vin, une cuvée précisément, et une étiquette plus particulièrement.

J’ai eu le temps de lancer un post (avant que l’on me bloque la parole!) :


J’ai eu des dizaines de graphistes qui se sont proposés pour me faire le travail. Et je les en remercie!
Ce soir, j’ai discuté longuement avec Silène et c’est elle que j’ai choisit pour travailler sur mon étiquette. Et je sais qu’on fera quelque chose de bien toutes les 2.

Je sais aussi que vous êtes nombreuses à être derrière moi. J’aime vos messages de soutien! On est plus fortes toutes ensemble!

Mon étiquette sera une réponse à ce sexisme imprégné mais je ne la veux pas vulgaire. Je la veux militante, pleine de force, de mot et de courage (celui qui nous manque souvent pour dénoncer ces choses). Je la veux puissante aussi. J’espère qu’elle sera tout cela.

On me dit que je devrais laisser couler, que je vais me mettre des gens à dos, qu’il vaut mieux rester consensuel quand on fait du commerce.
Alors si je ne peux plus vendre du vin, j’irais faire des fromages de chèvres dans le Larzac!
Je me refuse d’être intimidée! Et je me sens envahie d’un courage déraisonné quand il s’agit de défendre la cause des femmes.

J’espère aussi qu’un jour on n’aura plus besoin de se battre pour ces choses là et qu’on ne dira plus à nos filles qu’on a peur pour elles. Dans ce monde là, du vin. Et dans le Monde tout simplement.

Je ne connais qu’un vigneron capable de jouer sur ce registre sans vulgarité et avec beaucoup d’autodérision. Et c’est un des rares à parler de sexualité masculine de façon plutôt objective!!
Et de plus, les vins sont très bons!
Merci Alban Michel !

(qui me dit à l’oreille qu’il aurait voulu faire une étiquette avec sa « bite » mais que l’étiquette était trop grosse » et qu’il pense à faire des mignonnettes!)






Finement con

Finement con

Ce billet est une suite de questionnements. Parce que je ne sais pas vivre (cette crise) sans me poser des questions…
Je n’ai pas les réponses à mes questions. Ou très rarement.
Je ne veux pas paraître donneuse de leçons, parce que j’en ai tellement à recevoir moi même.
J’aimerais réellement qu’on fasse preuve de plus d’humilité, celle ci même qui manque à notre monde en général.
Tout d’abord, Je me suis demandée pourquoi on lui avait donné ce nom à ce virus.
La grippe espagnole ça lui donnait un p’tit côté olé olé de flamenco.
La grippe de Hong Kong, elle nous faisait voyager.
Mais le Covid19, il a l’air directement sorti d’une soucoupe volante rempli d’Aliens venus dans le seul but de nous exterminer…
——-

Voilà qu’on attaquait la 4ème semaine de confinement.
Notre confinement à nous, j’avoue, est un confinement qui n’est pas trop difficile à vivre. On a une grande maison, un grand jardin, la campagne déserte juste là.
De plus, il fait beau, c’est le printemps. La nature, elle n’est pas confinée. Les arbres sont en fleurs, l’herbe est verte est la vigne commence à pousser doucement.
On serait presque heureux.

Très rapidement, quand le confinement s’est mis en place, on nous a annoncé que Pornhub serait gratuit.
Mais???!!!!
Tu flippais depuis des semaines, tu sentais le truc arriver, t’as le nez dans le caca et qu’est ce que t’apprends? Que Pornhub est GRATUIT!
Le covid19 tourne en boucle sur les réseaux sociaux, à la télé, à la radio, dans les conversations. Ils ne savent pas le guérir, on te dit que des milliers de gens vont mourir…

Et Pornhub est gratuit?
« T’as vraiment envie de te branler devant ton ordi entre 2 annonces coronavirus toi? » (la vulgarité est quelquefois utilisée comme effet de style quand il n’y en a pas… de style)
J’avoue, je suis allée voir. Pornhub. Par curiosité, en me disant, que c’était peut être le début de la fin de mes angoisses insoutenables, va savoir.
Et puis non, ça m’a tout simplement mise très en colère. Parce que je sais que les femmes qui sont dans ces chef d’oeuvres pornographiques sont, pour la plupart, violées et que de jouir devant des scènes de viol, ça n’a jamais été mon truc, et ça ne fera pas passer mes angoisses, bien au contraire… ça me donne juste envie de partir en guerre.
Et que si il y a bien une chose dont je suis sure, c’est que Pornhub ne guérira pas du coronavirus.

Peut être avaient-ils l’intention de nous faire sentir moins seuls. C’était finement con.
Ce confinement brutal nous a, en effet, isolé du reste du monde.
Et rapidement, notre regard sur les gens a changé.
Ils nous font peur maintenant.
Et on fait peur aux autres. Je le vois dans leurs yeux et dans les écarts qu’ils font à ma simple vue, quand je sors exceptionnellement faire des courses.
C’est un drôle de climat qui s’est installé très rapidement. A l’ère du réchauffement climatique, on n’est plus chaud du tout, carrément glacé même!

Alors évidemment, comme vous tous, j’en profite pour faire une introspection. Pas celle qui voudrait que je devienne irréprochable. Les gens trop parfaits sont chiants à mourrir!
Je suis parfaitement imparfaite.

Je me suis rendue compte que tout mon travail des 25 dernières années avait été réduit à néant en quelques jours.
Que j’avais uniquement privilégié un réseau de professionnels: les restaurants, les cavistes et l’export.
Et qu’aujourd’hui, il faudrait qu’on ait un réseau de particuliers pour pouvoir vendre quand tout est fermé. Et ce n’est pas le cas.
Alors je me demande comment on sortira de tout ça. Si on pourra économiquement y survivre… Et si j’aurai vraiment envie de repartir au combat, de remettre en question toutes les questions que je me pose encore.

Il devrait être parti en bulles pour fêter la fin du confinement! #HappyBulles2019
Il devrait être parti en bulles pour fêter la fin du confinement! #HappyBulles2019

Je me suis rendue compte, en grande consommatrice que je suis, que ça ne me manquait pas de ne pas consommer.
Que ça ne me manquait pas de sortir.
Et que pour le moment, la plupart des gens ne me manquait pas.
Qu’on a beaucoup de relation. Qu’elles ne sont finalement que  professionnelles. Et quand il n’y a plus de professionnel, il n’y a plus de relation . Ou assez peu.

Que le solitude est peut quelque chose dont on devrait profiter davantage. Parce que la vie qu’on s’inflige nous prive de réflexion. Et qu’en ne réfléchissant plus, on devient des imbéciles.
On fait les choses machinalement en espérant que les autres auront réfléchit pour nous, sauf que les autres sont dans le même processus de vie que nous. Et qu’ils ne réfléchissent pas plus.
Qu’on attend souvent des conseils de gens qui n’en savent pas plus que nous.

Cette crise nous a fait prendre conscience qu’on n’est pas autonome.

Que notre monde accorde de l’importance à des choses qui ne le sont pas.
Qu’on consomme pour consommer.
Qu’on produit pour consommer. De plus en plus vite.
Et pas juste pour en vivre.
Et que quand on arrête de surconsommer, l’économie s’écroule.

Notre agriculture est bien malade. Mais on ne veut pas l’admettre. Elle ne nous nourrit même plus. On est obligé d’importer ce qu’il faut pour manger. Et nos agriculteurs vivent de subventions et non de produire à manger pour des gens autour d’eux.
On est davantage préoccupé par nos prochaines vacances que par ce qu’on va mettre dans nos assiettes.
On est plus enthousiaste à gagner la coupe du monde de foot que de prendre soin de notre alimentation ou de notre système de santé.
On est un pays soit disant développé, et on n’a même pas un masque pour se protéger.
On est dans les rues sans arrêt pour revendiquer  notre liberté d’expression, pour revendiquer le droit de consommer plus. On ne veut rien changer. On veut continuer à bénéficier de tout parce que ça nous ait du. On veut continuer de ne pas payer les choses à leur prix juste.
On veut plus encore en payant moins.
Pourtant on est libre de rien.
On est dépendant des banques, des firmes chimiques souvent, des lobbies en général, de la Chine.
Et cette crise nous l’a bien confirmée.

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Avant Pâques, c’est le moment de pulvériser les vignes avec la décoction de prêle que nous avons aussi dynamisée. En biodynamie, elle va être utile pour lutter contre les maladies cryptogamiques de la vigne.

Quand on a parlé confinement, beaucoup de gens n’ont eu qu’une seule idée en tête. Fuir de chez eux. De leur maison. Comme si ça allait être insupportable de vivre là où ils ont choisit de vivre à l’année…

Je me suis alors demandé pourquoi ils s’infligeaient de vivre dans ses endroits invivables? Les grandes villes seraient-elles devenues invivables? On y travaille juste, mais on n’y vit pas.

Quand j’étais petite, mes parents qui étaient lyonnais ont quitté Lyon parce qu’ils n’envisageaient pas leur vie en appartement, en ville etc etc.

Ils sont arrivés à Vauxrenard, ma mère a rouvert le bistro de ce petit village de 300 habitants et mon père qui était joaillier a installé son atelier dans une chambre de cette grande maison qui était un hôtel avant qu’ils ne l’achètent.
Ils ne savaient pas s’ils pourraient économiquement s’en sortir, la maison était immense et en très mauvais état. Pourtant ils ont quitté Lyon et un plus ou moins confort financier pour poser leur valise ici, dans un village perdu au fin fond du nord du beaujolais, où personne ne les attendait.
Il y a quelques temps, mon père m’a demandé ce que je pensais avec le recul de cette décision un peu folle qu’ils avaient prise à l’époque. Je lui ai répondu que je n’ai jamais pensé que c’était insensé. J’ai été heureuse dans cette vieille maison (j’y ai eu très peur aussi parce qu’elle était hantée!), et que mon père, même s’il avait pu gagné beaucoup d’argent en travaillant pour des belles marques, a vécu sa vie presque comme il le voulait.

J’ai de grandes discussions avec un de mes fils. Qui se questionne beaucoup. J’essaie de faire en sorte qu’il trouve quelques réponses en le guidant de ma petite expérience. En lui faisant se poser d’autres questions, pour avancer.

J’encourage mes enfants à réaliser leur vie. Pour qu’ils n’aient pas de regret.
Qu’ils fassent pendant qu’il est temps. Je ne veux pas qu’ils se mettent des barrières. Je voudrais qu’ils aspirent à des choses simples qui font qu’ils soient heureux. Et la vie se chargera du reste. Les malheurs arrivent, quoi qu’on fasse.
Vivre, c’est le plus important. Parce qu’on a qu’une vie. Et que bien souvent on se la gâche juste par rapport aux regards des autres. Qu’on essai de se prouver des choses et de prouver des choses aux autres qui n’ont pas d’importance. En tout cas, pas d’importance dans le vrai sens d’une vie.

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On envisage tr!s prochainement de cirer nos bouteilles à la vraie cire d’abeille, parce que la cire pleine de chimie qui pue, ça suffit!

L’essentiel, j’en ai la certitude, c’est de réfléchir, de lire, d’échanger, de se construire, de déconstruire quelquefois pour donner un vrai sens à sa vie. Ouvrir une porte quand on est coincé face à un mur. Bousculer le destin. Se donner la chance d’avancer, de progresser.
Mes enfants sont munis de toutes les clés pour avancer. Je suis sure de ça. Alors j’ai au moins confiance en eux. J’ai voulu qu’ils étudient pour qu’ils puissent se poser des questions. Pour qu’ils puissent comprendre ce que je ne comprends pas.
Parce que c’est eux et ceux de leurs âges qui feront avancer le monde. S’ils sont moins cons que nous.
La plupart d’entre nous, de ma génération, est figé dans de vieilles certitudes qui sont dépassés, qui ne servent plus à rien. Je trouve que les gens de mon âge sont poussiéreux.
Peut être le suis je aussi, mais le problème c’est qu’on ne s’en aperçoit pas…
Quand la poussière a envahi nos yeux et nos esprits…

En attendant… Prenez soin de vous.

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Cire d’abeille des ruches de pépé à Vauxrenard

Du sol au raisin

Du sol au raisin

Le millésime 2019 est en cave. Une partie en est déjà sortie!
Et je vais vous en conter un peu l’histoire!

Ceux qui nous connaissent et qui sont venus au Domaine visiter les vignes, savent qu’un gros travail a été mis en place.

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Fabien, notre agent parisien, s’imprègne de notre savoir faire!

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Un Président au féminin

Un Président au féminin

Je sais que je n’écris plus beaucoup et on me le fait remarquer!

Que voulez vous que je vous raconte?
Que je vais être mamie encore une fois très bientôt?
Qu’Elodie a réussi l’impossible en finissant l’Ironman de Nice?
Que Rose a eu un accident de voiture hier matin et que j’en tremble encore………..?

Ou que j’ai été élue Présidente de BBB (Bien Boire en Beaujolais) avec Renaud Bodillard, Président lui aussi… ??
Oui, ça vous intéresse, je le sens!

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Vite achetée, vite à jeter

Vite achetée, vite à jeter

Voilà plusieurs jours que je me parle, à moi, toute seule. Et que je me dis que je ne vais pas répondre.
Suite à l’interview de Yann Moix qui fait débattre les femmes de 50 ans et plus et même celles qui s’en rapprochent!

Yann Moix, bientôt 51 ans, déclare être «incapable d’aimer une femme de 50 ans […]. Je trouve ça trop vieux. Quand j’en aurai 60, j’en serai capable. 50 ans me paraîtra alors jeune».
Cette attirance amoureuse est-elle un rejet?

Même pas. «Ça ne me dégoûte pas, ça ne me viendrait pas à l’idée. Elles sont invisibles. Je préfère le corps des femmes jeunes, c’est tout. Point. Un corps de femme de 25 ans, c’est extraordinaire. Le corps d’une femme de 50 ans n’est pas extraordinaire du tout.»

Je ne sais pas si je dois être en colère ou lasse, ou les 2 en même temps.
J’ai un regard plutôt cynique sur le monde. Sur ma condition de femme et ma place dans ce monde, sur ma légitimité. Sur le regard qu’on porte sur les femmes: les hommes sur les femmes et les femmes sur les femmes.

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Millésime 2018

Millésime 2018

Je sors de ce millésime un p’tit peu cabossée.
Mais heureuse qu’il soit enfin rentré.
C’est un peu contradictoire: on voudrait que le temps s’arrête quelquefois sur des moments importants et délicieux mais on est impatient souvent qu’il soit passé, pour panser d’autres choses.

J’ai regardé les publications sur les vendanges sur les réseaux sociaux et j’avais l’impression d’être au pays des bisounours! C’était réconfortant. A celui qui postait la plus belle photo de ses plus beaux raisins! C’est assez drôle quand on essaie de prendre le recul nécessaire pour en rire.

Mais je sais ce que je vis au moment où je poste une mine réjouie sur ces fameux réseaux!
Ceux-ci nous ont appris cette chose extraordinaire: paraître heureux et sourire à pleine dent, même quand on est triste à mourir! Parce que les gens n’ont que faire de ton malheur, ils doivent s’occuper du leur. Par contre ton bonheur, il l’espère contagieux.

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Petite Lily

Petite Lily

Quoi qu’il puisse arriver en 2018 (parce qu’on n’est pas encore au bout, et que tout peut arriver encore, et que je ne voudrai pas nous porter la poisse. Alors si je me réjouis un peu c’est juste histoire de me réjouir un peu mais qu’on ne prenne pas ça pour de l’inconscience où je ne sais quoi et que là haut on ne se sente pas obligé de me punir à grand coup de grêlons, juste parce que je me suis réjouis un peu trop tôt!………… fin  de l’apparté ) , ça restera un millésime qui aura marqué mon esprit.

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Camille et Thomas nous avait promis un beau bébé pour le 14 Juillet (même si elle devait arriver autour du 23, ils se disaient que le 14 c’était une jolie date qu’on devrait se rappeler sur nos vieux jours quand on perdrait un peu la tête).

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Cierges VS filets paragrêles

Cierges VS filets paragrêles

Voilà plusieurs années qu’on y réfléchit.
Qu’on en a marre de travailler pour rien.
Qu’on en a marre de s’entendre dire : « c’est comme ça, on n’y peut pas grand chose. »

La grêle est devenue presque mon pire ennemi.
Je la déteste.
Et j’ai l’impression qu’elle me nargue, tous les ans un peu plus.
Ou peut être que je ne la supporte plus, ou moins qu’avant.

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