Quand AOC rime avec VDF (ça rime même pas!)

Ce soir je suis en colère.
Nos Moulin à vent 2012 ont été refusé à la dégustation de l’AOC.
Il est analytiquement parfait (pas de volatile, un degré conforme etc…) alors on nous a jugé de façon subjective et intransigeante sur la dégustation en nous infligeant une faute GRAVE, sur laquelle on ne pourra pas revenir.

Une faute GRAVE, c’est vachement grave je trouve.
C’est la plus grave d’ailleurs.

Moi, je comprends par là que mon vin est imbuvable, dégueulasse.
Ce n’est pas le cas.
NON!
Je le trouve même franchement bon!

Messieurs les dégustateurs, vous êtes des menteurs!
Je ne pourrai pas me défendre parce que vous aurez raison.
Mais vous mentez.
C’est lâche, injuste et lamentable.

Déjà au prélèvement, on me prévient que « sans soufre » risque d’être un problème…
Effectivement ça l’est…
Mais si c’est le sans soufre qui dérange, pourquoi ne pas imposer une dose minimum de soufre dans le cahier des charges de l’AOC?
Ce serait plus clair. et surtout plus juste.
On serait viré, et on saurait pourquoi.

On travaille de façon honnête et respectable à la vigne, à la cave, à la mise en bouteille.

Et on refuse le vin au final en nous disant juste: c’est pas bon, on n’aime pas, dégagez.
C’est ce que j’ai compris.

Je suis en colère.

C’est une chose qu’on nous autorise à peine je crois: d’être en colère.

Il n’y a pas les vins natures d’un côté et l’AOC de l’autre.
Il y a des vignerons, certains, pas tous, qui respectent leur terre, leurs raisins, leurs vins, leurs clients.

Ce n’est pas parce qu’on palisse sa vigne avec des fils de fer qu’on est digne de représenter l’AOC.
Ce n’est pas parce qu’on a des vignes sans herbe qu’on est digne…
Ce n’est pas parce qu’on fait des rendements exorbitants qu’on est digne…
Ce n’est pas parce qu’on est des moutons qu’on est digne.
Je préfère être une chèvre alors!

On fait du vin.
Ce n’est pas un produit pour les supermarchés.
C’est du vin.

Alors S’il vous plaît, pour faire les prélèvements des vins qui partiront à la dégustation, évitez de nous les vider dans un seau, de les mélanger comme on mélange des oeufs pour faire une omelette.
Respectez notre travail.
C’est peut être aussi ça qu’il faudrait rajouter dans le cahier des charges de l’AOC: le respect.
Respecter les autres, c’est se respecter soi même.
Et ce n’est pas en tapant sur les autres qu’on devient plus fort….

J’ai honte encore une fois.
J’ai juste honte de ne pas pouvoir représenter cette région à cause de tout ça.

Mais ils sont les plus forts, je m’incline.

Mais un jour, je serai célèbre dans le monde entier et je vous dirai tout! toute la vérité! tout ce qui se passe vraiment. Et comment ça se passe!
J’aurai écrit un livre, un best seller, que tout le monde s’arrachera!
Tous nos vins seront agrées et ceux de mes amis aussi!
Parce que quand on a du pouvoir, il parait que ça se passe beaucoup mieux au niveau des agréments!
Je serai multi milliardiaire et j’achèterai ma tranquillité! parce que ça, ça coûte très cher et quand je serai tranquille, je vous laisserai tranquille!
Mais c’est pas demain la veille…
!!

Photo prise fin octobre 2012.
Un grand merci à mes amis proches et lointains pour les messages de soutien.

20 Commentaires

  1. Finalement, ce qui compte vraiment c’est qu’on aime VOS vins pas parce qu’ils sont AOC ou IGP ou VDF ,mais parce qu’ils sont bons, qu’ils ont une âme, du caractère, parce qu’ils sont des Côtes de la Molière ! C’est dommage pour l’appellation mais je crois sincèrement que les consommateurs savent aujourd’hui que l’appellation est garante de certaines choses mais que ce n’est pas l’essentiel, l’essentiel c’est le plaisir qu’on trouve à boire ces vins, vos vins !

    1. D accord sur le fond, Béatrice, mais quand même, c est frustrant pour un vigneron de ne pas pouvoir revendiquer et mentionner sur l étiquette le lieu où il travaille tous les jours, où il à froid, chaud, mal au dis,… bref l endroit d où vient son vin… Bon courage aux Perraud…

  2. Isabelle merci
    J’aimerai vos vins s’ils expriment la même puissance et la même finesse que votre colère.
    Je n’en doute pas, n’en doutez pas … votre colère est féconde, ce jugement a touché ce qui est vivant en vous, continuez… bon courage.
    pphilippe13

  3. J’ai découvert vos vins à Besançon et je les ai aimés. Ce ne sera pas un macaron de plus ou de moins qui m’empêchera d’en vanter les mérites autour de moi et d’en regoûter dès que l’occasion se présentera. Je vous souhaite de continuer à les aimer, à aimer les faire, à aimer nous les faire découvrir… et de devenir prophète en notre pays, petit à petit, pour que je puisse avoir la fierté de dire à celles et ceux qui vous découvriront que « oui, je connaissais déjà et bien évidemment que c’est bon ! » Christophe D.

  4. c’est pour ça il existe des « guide » alternative comme « le guide de l’alter vin » « la face cachée du vin » (pas vraiment une guide mais des infos important et « tronches de vin » pour que nous les consommateurs peuvent connaitre les vins qui ont de la gueule et le marketing viral est efficace pour ça
    Nathalie K

  5. je pense que tu vends du vin de qualité, un travail, un terroir plutôt qu’un sigle de trois lettres non ? Si ces trois choses n’ont pas changées, pourquoi tes clients changeraient ?
    Pierre C.

  6. Vos vins sont superbes et n’ont nul besoin d’un agrément d’Appellation d’Origine, contrôlé par des personnes qui semblent être de plus en plus dépassés par des professionnels qui font un travail formidable dans la vigne et en vinification. Alors, nous, simples amoureux des bonnes choses, on commence à croire que le non agrément est plutôt un gage de qualité… il n’est nul besoin de se battre contre des moulins (a vent !) roundupisés, quant on se promène dans les vignes et qu’on compare les vins produits, on comprends assez vite… poursuivez votre voie et continuez a nous faire autant plaisir avec vos magnifiques crus.
    Jean Pierre F.

  7. Courage ! Vous faites un de mes vins préférés ! Et je ne suis pas le seul !
    On en est tous là, à suivre notre voie… Les autres sont des moutons. Tristes à mourir !
    Jérôme S.

  8. Courage, la seule faute que vous ayez commise, c’est de produire des jus qui respectent le raisin et leur provenance, des vins qui se boivent, tout simplement, alors forcément certains redresseurs de tort se retrouvent face à leurs contradictions, voir incompétence, à force de chercher une typicité supposé intangible , formatée par des années de chimie, ils passent à coté de l’essentiel, la diversité! Ne lâchez rien et continuer d’abreuver ceux qui aiment le raisin fermenté!
    Paco

  9. Bonjour Isabelle,
    Je n’ai pas eu la chance de travailler encore vos vins en tant que Sommelier, le jour viendra…
    Suivant l’actu du Domaine, je me dois de réagir, j’ai dégusté vos vins l’hiver dernier, avec beaucoup de plaisir.
    Pour nos Sommeliers et les 97% de #winelovers qui boivent du vin, oui, 3% se titillent les neuronnes…, la qualité du vin est bien plus importante que l’appellation, AOP, IGP, VDF… Dans l’histoire des agréments, il y a eu des coups de gueule de Dagueneau, avec la cuvée de mes roustons, la problèmatique de Trévallon qui a toujours défendu l’appellation et coincé au bout d’un moment… bref, laissez vos confréres jubilés dans leurs croyances et leurs stupidités… Détendez-vous, ce n’est pas une défaite, même si je peux comprendre votre angoisse et réaction… Pensez à vos clients… qui eux vont se régaler avec du Côtes de la Molière.
    Bon Courage !
    Olivier Zavattin
    http://www.caveaudusommelierbyoz.com

  10. Les Moulins d’Isabelle et Bruno recalés à l’agrément pour « faute grave » , c’est digne d’un licenciement, et c’est très injuste au regard des jus qu’ils produisent ! Voila des Vignerons qui ont pris le temps de faire les choses, en conventionnel, puis passage en bio, puis biodyn, sans soufre un peu, beaucoup, pas du tout… etc
    Moi, c’est aussi pour ça que je suis admiratif de leur travail , à une époque ou le gars qui s’installe s’invente créateur de cuvées sans soufre dès son premier millésime, et souvent, ça dessert ses Vins et en plus, ça donne du grain à moudre aux détracteurs acharnés des Vins que l’on aime et défend.
    Isabelle et Bruno, c’est tout le contraire, il ont pris le temps de comprendre, d’appréhender, et ils réalisent à l’heure actuelle les plus beaux Vins qui soient sur leurs appellations. Et puis quand bien même on aimerait pas leurs Vins (ce qui est un droit ) , jamais, au grand jamais, ces jus ne mérite le terme de faute grave justifiant un déclassement.
    C’est lamentable, et le plus grave c’est que c’est pas la première fois qu’on leur cherche de mildiou dans la tête . Mort aux cons !

  11. Bonjour les Perraud,
    Tous nos encouragements.Les agrémenteurs-censeurs savent que leurs jours sont comptés. Pour eux, le plus dur est devant.
    Il faudra bien un jour qu’ils se justifient pour tous les vins de m… à qui ils ont confiés le label..
    Vous, vous êtes sur la bonne voie pour de nombreux amateurs.
    ClaudeD

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